Le réseau social de Mark Zuckerberg compte désormais un nombre incalculable de pages ou de groupes de dénonciation et le secteur de l’automobile n’est pas épargné. L’un d’entre eux, BalanceTaThermique, propose ouvertement de dénoncer les conducteurs de voitures thermiques stationnées sur les places réservées aux “véhicules électriques”. Vidéos et photos diffusées sans l’accord des principaux concernés, la pratique est borderline d’un point de vue légal.
Interrogés en privé, certains utilisateurs du groupe BalanceTaThermique nous ont confié que l’objectif premier est d’inciter les conducteurs à respecter les autres usagers en adoptant des pratiques de stationnement plus responsables. D’autres en revanche, ne cachent pas leur haine viscérale contre les conducteurs de voitures thermiques, qu’ils accusent d’être à l’origine d’un réchauffement planétaire meurtrier. Discutable.
Quotidiennement, les internautes publient des photos de leurs ennemis thermiques, souvent sans même prendre la peine de masquer le visage et la plaque d’immatriculation. Cette dernière est pourtant considérée comme “donnée à caractère personnel” au sens du RPDG (Règlement Général sur la Protection des Données).
Rappelons que la diffusion publique d’une donnée permettant l’identification directe ou indirecte d’un individu sans avoir au préalable obtenu son consentement est strictement interdite et passible de sanctions administratives et pénales, telles que des amendes ou des peines d’emprisonnement. Les utilisateurs et les administrateurs du groupe BalanceTaThermique sont désormais prévenus…
“2L d’essence, un briquet et plus qu’à admirer “
Plus grave encore : certaines publications encouragent ouvertement les utilisateurs à se venger des conducteurs de voitures thermiques dont ils considèrent que le comportement est inapproprié.
C’est ainsi qu’une vidéo Tik-Tok, relayée en mai sur le groupe Facebook, a déclenché la colère des utilisateurs les plus radicaux. La vidéo en question est intitulée “vive l’électrique !!!”, et a été réalisée par un importateur de voitures américaines. Pour jouer la carte de l’humour, le professionnel a choisi de positionner les véhicules de sa gamme US dans une station Tesla Superchargeurs inoccupée, le temps d’enregistrer sa vidéo.
La réaction de certains internautes du groupe n’est pas fait attendre : “Y’a son entreprise en bio, je vous propose d’aller y faire un tour en avis Google” lance immédiatement l’un d’entre eux. “Il suffit de lui faire des appels en numéro masqué régulièrement. Son téléphone est sur le web de sa page fb sur son entreprise” enchaine un second, déchainé comme dans une cour d’école maternelle. Un autre, totalement inconscient, invite les autres a incendier les véhicules du Tik-Tokeur : “2L d’essence, un briquet et plus qu’à admirer “. Dramatique.
Internet n’est pas une zone de non-droit
Il est important de rappeler qu’Internet n’est pas une zone de non-droit. Le cyberharcèlement (ou harcèlement en ligne) est défini par la loi comme le fait d’harceler une personne par l’utilisation d’un outil ou d’un moyen de communication numérique ou via Internet. L’injure ou la diffamation publique (article 32 de la Loi du 29 juillet 1881) est un délit passible d’une amende de 12 000 euros, et l’atteinte au droit à l’image (articles 226-1, 226-2, 226-2-1 du Code pénal) est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
Les victimes de cyber-harcèlement peuvent contacter la police ou la gendarmerie en cas d’urgence.